Mutuelle : la portabilité des droits
La portabilité des droits : définition, champ d’application, cadre légal, durée…
Définition : La portabilité des droits est le maintien des droits des salariés qui ont perdu leur emploi à la formation et aux garanties prévoyance et frais de santé.
Champ d’application : l’Accord National Interprofessionnel (ANI) s’applique aux entreprises adhérant au Medef, CGPME et UPA ; ou ayant une activité industrielle, commerciale, de services ou d’artisanat. L’article 14 prévoit le maintien de la couverture de prévoyance aux salariés privés d’emploi. Cet article crée une obligation à la charge de l’employeur. Il doit désormais proposer aux personnes dont le contrat de travail est rompu de maintenir leurs garanties en santé et en prévoyance pendant une période légalement déterminée.
Entrée en vigueur : Depuis le 01/07/2009 pour les entreprises adhérentes à l’une des 3 organisations patronales signataires de l’ANI (précitées) ; depuis le 15/10/2009 pour toutes les autres.
Bénéficiaires de la portabilité des droits : le maintien de la couverture sera assuré pour tout salarié dont le contrat de travail a été rompu, ouvrant droit aux allocations chômage. Sont donc exclus ipso facto les salariés licenciés pour faute lourde. Le dispositif prévoit que la cessation du contrat de travail doit faire suite à un licenciement économique, à un licenciement « classique », à une fin de contrat de travail à durée déterminée, à une démission considérée comme légitime ou à une rupture conventionnelle du contrat de travail.
Conditions et durée du maintien des garanties santé et prévoyance : l’entreprise doit maintenir, au profit de chaque salarié qui quitte les effectifs pour l’un des motifs ci-dessus énoncés, le régime de prévoyance / frais de santé pendant la période de chômage et pour une durée égale à la durée de son dernier contrat de travail, par mois entiers (6 mois et demi donnera lieu à 6 mois de portabilité), et dans la limite de 12 mois de couverture. Ce maintien sera assuré tant que l’ancien salarié bénéficie des allocations chômage.
Financement : le financement de cette portabilité est assuré par le fonds de solidarité abondé par les cotisations (patronales et salariales) de l’effectif actif de l’entreprise. Ni l’entreprise ni le salarié partant ne cotiseront plus.
Droits concernés : les anciens salariés conserveront le bénéfice des garanties des couvertures complémentaires santé et prévoyance de l’ancienne entreprise pendant leur période de chômage, c’est-à-dire : les prestations de remboursements complémentaires frais de santé ; les indemnisations d’incapacité de travail, invalidité et décès ; la couverture du risque dépendance.
Obligation de l’employeur : contrairement aux débuts de la mise en place de ce dispositif, la portabilité est désormais mise en place automatiquement, sans que le salarié n’ait à effectuer de démarche particulière.
Fin de la portabilité : la portabilité prend fin lorsque l’ancien salarié retrouve un autre emploi et acquiert de nouveaux droits aux régimes de prévoyance, de remboursements de frais de santé, du nouvel employeur, ou bien lorsque le nouvel emploi n’ouvre plus droit aux allocations chômage (création d’entreprise, par exemple). Le salarié doit informer son ancien employeur de la cessation du versement de son allocation chômage lorsqu’elle intervient au cours de la période de maintien des garanties.
Loi Evin et portabilité des droits : la loi Evin prévoyait déjà la possibilité pour l’ancien salarié d’obtenir une garantie en frais de santé auprès de l’assureur de son ancien employeur, par la conclusion d’un nouveau contrat mais à ses frais exclusifs. La condition était que la demande soit effectuée auprès de l’ancien employeur dans les 6 mois suivant la rupture du contrat de travail. Avec le nouveau dispositif de la portabilité des droits, le point de départ des 6 mois devrait correspondre à la date de perte de la couverture par le salarié, dès lors qu’il bénéficiait de la portabilité de ses droits depuis plus de 6 mois.
L’ancien salarié pourrait ainsi souscrire dans les 6 mois qui suivent la fin de sa portabilité un contrat d’assurance auprès de son ancien employeur. Cette hypothèse est à vérifier auprès des entreprises concernées et auprès de leurs assureurs.
Régime social et fiscal des cotisations et prestations : Contributions versées par l’ancien employeur: exonération plafonnée dans les mêmes conditions que les salariés en poste. Contributions des employeurs pour le financement des prestations complémentaires (prévoyance) : CSG /CRDS. Prestations au titre de la Sécurité Sociale : exonération. Prestations sur le plan fiscal : imposables.
Droit individuel à la formation (DIF) : les heures de formation non utilisées lors d’un précédent emploi seront toujours valides après un licenciement ou une démission : si le salarié est au chômage, ces formations devront être dispensées « en priorité » et prises en charge par POLE EMPLOI ; si le salarié est embauché dans une nouvelle entreprise, son « DIF » sera utilisé dans les deux années suivant l’embauche, « en accord avec le nouvel employeur ».
Questions les plus fréquentes :
La portabilité des droits est-elle compatible avec un arrêt de travail ? L’arrêt de travail d’un salarié licencié proroge-t-il la durée de portabilité ? Non, la durée de la portabilité est établie en tenant compte de critères objectifs et contraignants. Si à la date de la rupture de son contrat de travail le salarié bénéficie de 6 mois de portabilité, cette durée ne sera pas modifiable. Y-a-t-il une différence entre les contrats à adhésion obligatoire ou à adhésion facultative au point de vue de la portabilité ? Non, aucune différence n’est faite. Les droits seront calculés de la même façon. La portabilité s’applique-t-elle aux professions libérales et, éventuellement, à leurs salariés ? Non, car aucun accord n’a été signé en ce sens. A vérifier toutefois avec le professionnel concerné et avec son assureur. Y-a-t-il portabilité des droits en cas de congé parental ? Clairement, non, car le congé parental fait suite à une suspension du contrat de travail et non pas à une rupture. Pour plus d’informations, voir l’article : Mutuelle entreprise et congé parental : que se passe-t-il ? Des indemnités (congés payés, maladie, maternité…) peuvent-elles reporter la date de départ de la portabilité ? Non, la date de départ sera le jour de la rupture du contrat de travail.
Cet article, posté initialement le 25 octobre 2010, a été réactualisé le 4 février 2021, pour tenir compte des nouvelles obligations réglementaires en matière de portabilité.
(Anne PELLAZ)
Bonjour,
Le fait que la mutuelle soit facultative ne change rien aux droits à la portabilité. En revanche, il est axact que tous les employeurs ne sont pas soumis à cette obligation. Seules les entreprises ayant signé l’accord ANI et les entreprises industrielles ou commerciales sont concernées. J’ignore si c’est le cas. Faîtes la recherche. ET si ça n’est pas la cas, renseignez-vous sur l’application de la loi Evin au sein de l’entreprise : les mutuelles groupe prévoient la plupart du temps une couverture spécifique destinée aux salariés qui quittent l’entreprise qu’elles assurent.
Cordialement.
A.P.
Bonjour,
Ayant été licencié pour raison économique ,je bénéficie de la portabilité pour 9 mois.Je suis inscris a pôle emploi et ce pour 3 ans car j’ai plus de 55 ans.
Je voudrais savoir si en travaillant a temps partiel ou quelques jours par mois ,est ce que je bénéficie encore de la portabilité.
Si je reçois des indemnités de pôle emploi + le travail partiel est-ce toujours valable.
Merci de votre réponse.
THIERRY
Bonjour,
En prenant le texte stricto sensu, je ne vois pas ce qui s’y opposerait. Vous réunissez les conditions requises : être inscrit à Pôle Emploi et toucher des allocations chômage. La portabilité cesse lorsque l’ancien salarié retrouve un autre emploi et acquiert de nouveaux droits…
Cordialement.
A.P.
Puisse je béneficier de la portabilité de droits mutuelle pendant mon congé maternité?. J’ai fini mon cdd fin janvier j’ai une portabilité de 9 mois et j’ai commencé mon congé maternité le 9 mai.
Merci d’avance
Bonjour,
A priori, non, car le congé maternité interrompt la portabilité des droits. En effet, en congé maternité vous n’êtes plus demandeur d’emploi ni indemnisé par Pôle Emploi.
Cordialement.
A.P.
Bonjour,
J’ai quitté ma précédente entreprise (entreprise A) par rupture conventionnelle après de nombreuses années de CDI fin août. Mon précédent employeur (A) m’a indiqué que je bénéficiais de la portabilité de la mutuelle et prévoyance pour respectivement 12 mois et 9 mois, et que c’est lui qui finançait cette période.
Je me suis inscrite au chômage dès le début du mois de septembre. J’ai trouvé fin septembre un cdd de 3 mois. Etant donné le caractère précaire de ce contrat, puis je garder la mutuelle de l’entreprise A pendant ce CDD? aurais je droit à la mutuelle de l’entreprise A à la fin du CDD?
De plus, il se trouve que la mutuelle des 2 entreprises est la même. Je trouverai bizarre d’avoir à payer une deuxième fois.
Merci d’avance pour votre réponse.
Bonjour,
Difficile de vous répondre de façon catégorique. La portabilité prend fin lorsque le salarié a retrouvé un emploi et que cet emploi lui ouvre des droits à des prestations prévoyance / santé, et/ou que l’indemnisation par Pôle Emploi cesse (création d’entreprise, p. exemple). Votre nouvelle entreprise (B) prévoit-elle un délai avant l’adhésion au contrat groupe ? C’est souvent le cas, et le délai va de 1 à 3 mois. Il faut vérifier ce point.
Par ailleurs, le système de portabilité tel qu’il a été mis en place par A comporte peut-être des clauses à ce sujet.
Mon conseil : appelez l’assureur de A pour être certaine de vos droits.
Quant à cotiser auprès du même assureur en double… non, la loi ne va pas dans ce sens.
Tenez-nous au courant!
Bon courage dans vos démarches.
A.P.
Bonjour, je bénéficie pendant 9 mois de la portabilité de la mutuelle de mon ancienne entreprise depuis le 27/08/2016 suite à la fin du cdd. Je suis indemnisée au chômage par contre je me suis blessée et j’ai un arrêt de travail jusqu’à la fin d’année mes droits au chômage reprendront au 1er janvier 2017 puis je toujours conserver la portabilité de la mutuelle ou pas ?
Cordialement,
Bonjour,
Oui, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas, à moins que d’ici là vous ne veniez à dépendre d’un autre régime social (comme celui des indépendants, par exemple). Cordialement.
A.P.
Bonjour,
J’ai quelques questions par rapport à la fin de mon contrat d’un an qui s’est arrêté le 14.9.2018.
Je bénéficie de la portabilité santé prévoyance avec le dispositif ani, cependant le 17.9.18, j’ai repris une formation professionnelle rémunérée par le Conseil Régional et l’asp, mais j’ai eu un problème très lourd, et le 10.10.18, je me suis retrouvée en arrêt maladie jusqu’à maintenant, je dois rentrer à l’hôpital.
Ma problématique est la suivante, est-ce que le fait d’avoir repris une formation professionnelle peut m’enlever mes droits au maintien de la mutuelle santé et prévoyance dont le complément des indemnités journalières? Comment la mutuelle va mettre en place l’indemnisation complémentaire, se base-t-elle sur les 12 mois de salaire précédant la rupture du contrat de travail?
En effet, il y a là un autre souci majeur, la CPAM m’indemnise à 4 €19 /jour, prétextant que je suis rémunérée par l’ASP, stagiaire de la formation professionnelle.. alors bien sûr, si la mutuelle se base sur la base calculée par la CPAM, ce serait très léger .
Ensuite la mutuelle m’avait résilié le 01.10.18, ma portabilité, sans me prévenir et j’ai été pénalisée de 3 mois et demi, est-ce que je peux prétendre à une indemnisation ou un quelconque recours?ou une prolongation d’autant?
Merci de votre disponibilité. Cordialement.
Valérie
Bonjour,
Votre contrat ayant pris fin le 14.09.2018, vous deviez, a priori, bénéficier de la portabilité dès la fin de ce contrat, sans aucune démarche de votre part. La formation professionnelle n’ouvrant pas de droits au chômage, la portabilité n’est pas interrompue. L’arrêt maladie suspend votre rémunération ASP et la CPAM prend le relais, normalement. Les Indemnités Journalières sont habituellement versées en maintien de salaire, tant que votre activité n’ouvre pas de nouveaux droits.
Un conseil : rapprochez-vous de la mutuelle pour faire le point avec eux, et, éventuellement, rectifier votre dossier!
Bon courage à vous.
Cordialement.
A.P.
Bonjour
Mon fils a quitté une entreprise au terme d’un essai de 5 moins non concluant. Il avait le statut cadre, et son entreprise lui a proposé la portabilité de la mutuelle et de la prévoyance ce qu’il a accepté.
Le problème est que malgré les relances et qu’il entrait tout à fait dans les critères pour en bénéficier, la prévoyance n’a jamais donné suite, et refuse toujours ce maintien de garanties pourtant encadré par la loi.
Y-a-t-il moyen d’obliger un assureur de faire profiter de la portabilité s il est de mauvaise foi ou refuse ? Sur base de quel fondement ?
Pour information, un juriste pourtant spécialisé dans le droit du travail me dit que c’est peine perdue. Merci de me donner votre version. Bien cordialement, M. Vern…
Bonjour,
De ce que je comprends, la portabilité a été acceptée pour la partie mutuelle?
Avez-vous tenté d’appeler l’assureur?
Cordialement.
AP